Etapes sélections variétales

– années 1970 : Alain Bouquet (INRA), à contre-courant des idées de l’époque, a entrepris en 1974 la sélection de variétés résistantes par croisement entre 2 espèces : Vitis vinifera et Muscadinia rotundifolia (vigne sauvage américaine). Ensuite, des croisements successifs avec des variétés de l’espèce Vitis vinifera ont permis de réduire la fraction de M. rotundifolia dans ces variétés résistantes.

– années 1990 : La résistance des obtentions d’A.Bouquet ne repose que sur un seul gène pour l’oïdium (Run 1, qui confère une résistance totale avec aucun symptôme vu à ce jour) et un seul pour le mildiou (Rpv 1, résistance partielle). L’INRA, obtenteur de ces variétés, a accepté quelques plantations à l’échelle de la parcelle (entre 0,5 et 1 ha) avec un suivi strict dans le cadre d’un observatoire de la durabilité de la résistance-mildiou et oïdium. Le matériel végétal créé par A. Bouquet est repris dans des travaux récents de sélection y compris dans les pays voisins.

– années 2000 : Le programme “Résistance Durable” (RESDUR) a débuté en 2000 avec pour but, la création de variétés de raisins de cuve (INRA Colmar). Les objectifs majeurs sont la durabilité de la résistance, l’adaptation aux contraintes climatiques et l’adéquation avec les exigences de qualité de la filière vinicole (obtenir un vin correspondant à l’attente des consommateurs et produisant un revenu suffisant au vigneron). L’objectif de durabilité a conduit à associer plusieurs sources de résistance connues (Muscadinia rotundifolia, Vitis américaines et Vitis asiatiques) afin d’obtenir des variétés dont la résistance est a priori difficilement contournable.

– années 2010 : Les 1ères expérimentations de la VATE (Valeur Agronomique, Technologique et Environnementale) destinées à l’inscription ont démarré en 2011 en collaboration avec l’IFV et les organisations professionnelles (CIVC, Sicarex du Beaujolais, Chambres d’agriculture 33 et 84). Six variétés noires et six variétés blanches sont concernées. Les résultats des 1ers essais plantés en 2011 ont conduit en 2017 à l’inscription et au classement définitif en de 4 variétés (dites « RESDUR 1 ») : IJ58 = VIDOC N et IJ134 =ARTABAN N en noir et Col-2011G = VOLTIS B et col-2007G = FLOREAL B en blancs.

Une 2ème série, en introduisant une source de résistance asiatique, est en cours. Cette série a aussi intégré dans son processus de sélection un bon niveau de résistance au black-rot. Les parcelles d’expérimentation ont été implantées dès 2015, notamment en VATE dans le Gard et l’Aude, pour une inscription envisagée en 2021 au plus tôt selon les résultats au champ ainsi que dans d’autres régions viticoles françaises. L’objectif annoncé par l’INRA est d’inscrire d’ici 2025 une trentaine de nouvelles variétés rouges et blanches.

D’un point de vue réglementaire, les variétés de raisins de cuve implantées en France doivent être inscrites au Catalogue National (ce qui permet leur multiplication et distribution des plants) et classées (disposition qui renvoie à la gestion du potentiel et du marché des vins). Le nouvel arrêté de FranceAgriMer sur le classement (9 mai 2016) détaille des procédures de classement différentes :
– Classement définitif : sur la base de données solides acquises selon la procédure expérimentale de suivi de 2 parcelles VATE (Valeur Agronomique Technologique et Environnemental) dont le protocole est codifié, et de la description de la variété plantée dans une collection de référence (examen Distinction Homogénéité Stabilité – DHS). Le classement définitif d’une variété permet à chaque vigneron de planter le cépage sur la surface qu’il choisit de mettre en place.
– Classement temporaire : le classement temporaire permet la mise en place d’un dispositif d’expérimentation dont la superficie dépend de l’existence d’une DHS en France ou à l’étranger de la variété : existence d’une DHS : expérimentation large de 20 ha par variété classée, par bassin de production avec un maximum de 1 ha par site. En absence de DHS : expérimentation de 3 ha par variété classée au niveau national.
Ce dispositif permet d’obtenir des références en conditions réelles de la valeur du cépage. Les plantations doivent se faire de façon concertée au niveau professionnel, être suivies par un organisme technique habilité. Ce classement temporaire peut déboucher sur la constitution d’un dossier de demande de classement définitif, incluant un examen DHS.

Parcelle expérimentale VATE : sous dérogation expérimentale et suivant un plan et des protocoles de suivi précis, la variété en suivi VATE permettra à terme de déposer un dossier de demande d’inscription au catalogue national.

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