Le Noual B

Le Noual B est donc le seul cépage blanc original considéré comme autochtone et recensé par les ampélographes pré-cités. Il est présent en collection mais reste bien mal connu.

Dès 1857, Victor Rendu évoque une modeste production de blanc dans le Lot, à base de Blanquette (Ondenc), Clarette (Clairette), Sémillon, Taloche (Folle blanche), Mauzac, Rouxalin (Chenin), les trois derniers formant « plus du quart de l’encépagement blanc ancien » de la zone.
En 1868, Jules Guyot confirme la présence de Sémillon, Taloche (Folle blanche), Rouxalin (Chenin), Blanquette (Ondenc), Clairette, Mauzac et ajoute à cette liste l’Oubal (Noual).

En 1962, à partir des références anciennes et de ses propres observations, Pierre Galet recense les cépages suivants : Sémillon, Sauvignon blanc (appelé localement Ambroisie), Rouxalin ou Roxalin (Chenin B), Taloche (Folle blanche), Mauzac, Blanquette (Ondenc), Loubal (Noual), Bouillenc (Gouais ou Muscadelle). En 2001, en plus des cépages précédemment évoqués Guy Lavignac cite le Blanc Vert (appelé localement « OEil de Crapaud »), et le Jurançon Blanc (« Dame blanche »).

Décrit comme très productif, assez tardif, pas particulièrement acide ni alcoogène, le Noual B possède comme synonymes Oubal, Nougal, Nouval ou Loubal. D’après Guy Lavignac, ces noms dériveraient de Nogalh, qui en occitan désigne un « cerneau de noix » mais il est difficile de dire pourquoi il a été désigné ainsi.

Une prospection terrain a conduit à l’identification de 4 souches de Noual qui ont été mises en conservatoire sur le site de la Ferme Départementale.

Grappe, baie et feuille de Noual B, seul cépage blanc autochtone recensé

 

Pour étudier les performances agronomiques, viticoles et œnologiques du Noual ainsi que d’autres nouveaux cépages blancs originaux, une nouvelle expérimentation a été mise en place en 2010 sur le site de l’Association. Elle ré-intègre les cépages Chardonnay B, Chenin B et Viognier B en tant que références, auxquels elle associe le Petit Manseng et le Gros Manseng, le Muscat Petits grains, et bien sûr le Noual. Les mêmes observations, notations et mesures que celles citées précédemment sont réalisées sur chaque cépage, incluant bien évidemment toujours la récolte, la vinification et la dégustation.

Après 5 années de suivis agronomiques, viticoles et œnologiques, le Noual B apparaît comme un cépage tardif, notamment au débourrement, ce qui lui a permis plusieurs années de ne pas subir des dégâts de gels aussi importants que les autres cépages, notamment en 2012 et en 2017. Cela est un atout non négligeable.

Le Noual B apparaît comme un cépage productif et peu sensible au botrytis, deux atouts non négligeables également. Hormis en 2013 ou le rendement du Noual n’a été « que » de 56,4 hl/ha (année très pluvieuse), son rendement moyen sur les autres années est de 96 hl/ha (± 17 hl/ha), sans botrytis !

Les vins issus de Noual B ne sont pas particulièrement acides ni alcoogènes. Ils sont appréciés pour la fraîcheur de leurs arômes, leur coté facile à boire et justement, leur aspect peu alcoogène. Ils sont tout à fait adaptés à la demande des viticulteurs et des consommateurs. En assemblage avec le Chardonnay B et le Viognier B, ils ont donné d’excellents résultats, améliorant l’équilibre des vins en leur apportant de la fraîcheur et de la vivacité.

La première expérimentation « vins blancs » mise en place en 1993 dans le département du Lot avait permis d’inscrire le Viognier B sur la liste des cépages autorisés pour la production de Vins de Pays du Lot, actuels IGP (liste départementale VINIFLHOR à l’époque) puis de valider l’intérêt du Chenin B, présent depuis de très nombreuses années dans la vallée du Lot (vins d’Entraygues et du Fel dans l’Aveyron) mais dont le comportement était encore inconnu à Cahors. Les vins blancs actuellement élaborés à partir de ces cépages et d’autres (Chardonnay B notamment) sont très appréciés et reconnus. Ils font la fierté des plus grands domaines. Ils permettent à de nombreux vignerons une diversification originale et économiquement viable de leur gamme.

La replantation du Noual B s’inscrit naturellement dans la lignée de ce travail. Son intérêt est d’autant plus marqué et prégnant pour les vignerons qu’il s’agit d’un cépage autochtone. A terme, une reconnaissance des vins blancs IGP « Côtes du Lot » en vins AOP est envisagée. En 2012, la Ferme Départementale d’Anglars Juillac a mis en place un conservatoire avec 4 clones potentiels de Noual B sur son site qui pourront contribuer à la demande d’agrément d’un ou des premier(s) clone(s) de Noual B puisqu’aujourd’hui, le cépage est représenté uniquement en collection.

Jusqu’en 2017, le Noual B n’était ni inscrit au catalogue des vignes cultivées en France (http://plantgrape.plantnet-project.org/es/cepages), ni classé. De ce fait, hors cadre expérimental spécifique, il était interdit de multiplier et de distribuer du matériel végétal issu de ce cépage, et dans le cas où des parcelles expérimentales étaient mises en place, la commercialisation des produits était également interdite.

En septembre 2017, après consultation des archives existantes sur ce cépage au domaine INRA de Vassal et synthèse des données agronomiques, viticoles et œnologiques obtenues par la Ferme Départementale sur ses parcelles expérimentales, la Ferme a constitué, déposé et financé les 2 dossiers administratifs et techniques de demande d’inscription au catalogue national français et de classement du Noual B. Ces 2 dossiers ont reçu une réponse positive fin 2017. L’arrêté du 03/01/2018 modifiant le catalogue officiel des espèces et variétés de plantes cultivées en France est paru au Journal Officiel du 10/01/2018.

Dans la foulée, une note relative à l’intérêt du Noual B pour l’encépagement IGP du vignoble lotois dans le cadre du prochain plan de restructuration du vignoble a été écrite et transmise à FranceAgrimer, demandant à ce que le Noual B soit éligible au niveau individuel.

Le conseil de bassin viticole Sud-Ouest du 24 mai 2018 a validé cette demande d’éligibilité au titre de la restructuration individuelle

Ensuite, une demande de dérogation à l’utilisation de matériel certifié a également été adressée à FranceAgrimer car, à ce jour il n’existe pas de clone certifié de Noual B, mais uniquement du matériel standard. La demande de dérogation précise bien que le matériel standard utilisé présente des garanties sanitaires équivalentes au matériel certifié.

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