Le Gibert N

Le Gibert N est très peu cité et quasiment jamais décrit dans les ouvrages ampélographiques anciens, le Gibert avait été retrouvé à Luzech par J.P. Artozoul dans les années 1950.

Le nombre de souches repérées en prospection semble indiquer que ce cépage occupait une place importante dans l’encépagement de la zone. Aussi dénommé Moutet, Mutet ou Tardieu, il existe très peu de données techniques sur ce cépage : il est décrit comme assez productif, avec un potentiel qualitatif moyen (degré potentiel, Acidité Totale, polyphénols et anthocyanes).

Le Gibert possède une maturité de deuxième époque. Cinq souches de Gibert ont également été mises en conservatoire en 2010 sur le site de la Ferme Départementale, en comparaison du Cot et du Merlot dont les comportements sont bien connus.

Grappe, baie et feuille de Gibert N, seul cépage rouge autochtone recensé

Après 3 années de suivis agronomiques, viticoles et œnologiques, le Gibert N apparaît comme un cépage assez tardif, notamment au débourrement, ce qui lui a permis plusieurs années de ne pas subir des dégâts de gels aussi importants que les autres cépages, notamment en 2012 et en 2017. Cela est un atout non négligeable.

Le Gibert N apparaît comme un cépage très productif, atout non négligeable également. Hormis en 2015 ou le rendement du Gibert n’a été « que » de 88,9 hl/ha (très année concentrée pour les rouges), son rendement moyen sur les 2 autres années est de 159,8 hl/ha (± 24,4 hl/ha).

Le Gibert N apparaît comme un cépage au feuillage peu sensibile au mildiou, notamment par rapport au Cot N (même parcelle = même protection phytosanitaire), atout non négligeable dans l’objectif général actuel de réduction des produits phytosanitaires.

Les vins issus de Gibert N sont très peu alcoolisés, avec une acidité totale et un pH « moyens », une teneur en anthocyanes et une IPT plutôt faibles. Ils sont appréciés pour leurs arômes floraux, leur coté facile à boire et justement, leur faible degré d’alcool. Les notes végétales sont un peu plus élevées que pour le Cot et le Merlot mais n’ont jamais été « éliminatoires ». En 2015, le Gibert N a également été vinifié en rosé de pressée, donnant des résultats intéressants en terme de fraîcheur des arômes de de couleur.

Compte tenu de son rendement élevé, de nombreux dégustateurs ont été surpris de la qualité des vins obtenus, séduits par son faible degré alcoolique et convaincus de son intérêt pour la production de vins IGP. Comme l’indiquent les résultats de dégustation, il s’agit d’un vin à boire rapidement (expression « vin buvette »).

La replantation du Gibert N s’inscrit naturellement dans la lignée de cette volonté de diversification originale et économiquement viable des vignerons. Son intérêt est d’autant plus marqué et prégnant pour les vignerons qu’il s’agit d’un cépage autochtone. Le conservatoire de Gibert N mis en place en 2012 par la Ferme Départementale d’Anglars Juillac sur son site avec 5 clones potentiels pourra contribuer à la demande d’agrément d’un ou des premier(s) clone(s) de ce cépage qui est aujourd’hui représenté uniquement en collection.

Jusqu’en 2017, le Gibert N n’était ni inscrit au catalogue des vignes cultivées en France (http://plantgrape.plantnet-project.org/es/cepages), ni classé. De ce fait, hors cadre expérimental spécifique, il était interdit de multiplier et de distribuer du matériel végétal issu de ce cépage, et dans le cas où des parcelles expérimentales étaient mises en place, la commercialisation des produits était également interdite.

En septembre 2017, après consultation des archives existantes sur ce cépage au domaine INRA de Vassal et synthèse des données agronomiques, viticoles et œnologiques obtenues par la Ferme Départementale sur ses parcelles expérimentales, la Ferme a constitué, déposé et financé les 2 dossiers administratifs et techniques de demande d’inscription au catalogue national français et de classement du Gibert N. Ces 2 dossiers ont reçu une réponse positive fin 2017. L’arrêté du 03/01/2018 modifiant le catalogue officiel des espèces et variétés de plantes cultivées en France est paru au Journal Officiel du 10/01/2018.

Dans la foulée, une note relative à l’intérêt du Gibert N pour l’encépagement IGP du vignoble lotois dans le cadre du prochain plan de restructuration du vignoble a été écrite et transmise à FranceAgriMer, demandant à ce que le Gibert N soit éligible au niveau individuel.

Le conseil de bassin viticole Sud-Ouest du 24 mai 2018 a validé cette demande d’éligibilité au titre de la restructuration individuelle

En 2019, une demande de dérogation à l’utilisation de matériel certifié a également été adressée à France Agrimer car, à ce jour il n’existe pas de clone certifié de Gibert N, mais uniquement du matériel standard. La demande de dérogation précise bien que le matériel standard utilisé présente des garanties sanitaires équivalentes au matériel certifié.

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