L’observatoire Oscar

L’Observatoire national du déploiement des cépages résistants (OsCaR) a été crée en 2017, issu d’un partenariat entre l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) : il étudie et surveille, les parcelles plantées avec des vignes résistantes à l’oïdium et au mildiou, afin de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires.

L’enjeu principal de l’Observatoire est de surveiller et d’évaluer la durabilité des résistances, c’est-à-dire de surveiller l’évolution des populations d’oïdium et de mildiou qui pourrait conduire à une perte d’efficacité des résistances.

OsCar va également permettre d’acquérir ou de consolider les données agronomiques sur ces nouveaux cépages en condition de production. En s’appuyant sur les initiatives des viticulteurs et des structures régionales qui plantent les cépages résistants, il fournira des connaissances pour co-construire des systèmes de culture combinant, pour la première fois, la résistance variétale et les méthodes de lutte complémentaires ! Traitements fongicides, prophylaxie, biocontrôle. L’Observatoire permettra ainsi de mutualiser les expériences individuelles et de favoriser le transfert des connaissances entre les acteurs.

L’Observatoire a une vocation triple : recherche, surveillance, démonstration et partage d’expériences. Unique par sa taille et par son ambition, il permet de :
– recueillir des données sur l’évolution des populations des agents pathogènes ciblés par les gènes de résistance grâce à la collecte régulière d’isolats de mildiou et d’oïdium et la réalisation de tests en laboratoire de la virulence et de l’agressivité des populations ;
– surveiller sur de grandes parcelles le comportement des cépages résistants face aux différents agents pathogènes dans des situations agro-climatiques variées ;
– détecter l’apparition éventuelle de nouvelles problématiques sanitaires ;
– capitaliser des retours d’expériences sur la conduite de ces variétés en conditions de production : comportement agronomique, potentialités de mécanisation, facilité de conduite.

Pourquoi des cépages résistants ?
Les cépages cultivés sont tous très sensibles aux maladies aériennes que sont l’oïdium (Erysiphenecator) et le mildiou (Plasmoparaviticola). Actuellement, la protection contre le mildiou et l’oïdium requiert en moyenne entre 5 et 10 traitements fongicides au cours de la saison. Dans un contexte où le plan Ecophyto a fixé des objectifs quantitatifs de réduction des produits phytosanitaires, l’utilisation de nouveaux cépages résistants, sources naturelles de résistance décrites chez des espèces de Vitis d’origine américaine ou asiatique, serait un levier des plus prometteurs. Les premières expériences réalisées en France depuis quelques années montrent en effet que l’utilisation de ces cépages permet une réduction de l’IFT de plus de 80%.

Pourquoi surveiller l’évolution des résistances ?
Aujourd’hui, nous disposons de peu de données pour prédire le potentiel évolutif des pathogènes face au déploiement de la résistance. Pourtant, malgré une diffusion très restreinte, des évolutions d’agressivité des populations de mildiou ont déjà été rapportées. Cette adaptation conduit à une réduction de l’efficacité de la résistance appelée « érosion ». Un premier contournement a été décrit en 2010 sur la variété Bianca en Europe, et des infections d’oïdium ont été observées sur des plantes pourtant porteuses d’un gène de résistance en Amérique du Nord

Observer pour co-construire des systèmes durables
Toutes les données sont collectées via des protocoles standardisés puis centralisées au niveau national. Elles sont issues d’observations à la parcelle et d’entretiens avec les viticulteurs. Elles concernent notamment :
– l’itinéraire technique : éléments stratégiques et tactiques (modes de taille, opérations en vert, etc…) de la conduite de la vigne ;
– le suivi des dynamiques épidémiques et des ravageurs au cours de la saison ;
– la mise en collection d’isolats de pathogènes pour évaluer au laboratoire l’évolution de leur agressivité.

Vers une réémergence de bioagresseurs secondaires ?
L’usage courant des fongicides a fait oublier la présence de certaines maladies secondaires de nos vignobles. Dès lors que cette utilisation diminue drastiquement, leur présence peut devenir récurrente voire entraîner des dégâts significatifs. Ainsi, le black-rot peut entrainer des pertes de récolte conséquentes dans les parcelles où les cépages sont sensible à cette maladie et en l’absence de stratégie adaptée. Des maladies peu fréquentes telles que l’anthracnose ressurgissent. Les résistances étant parfois partielles, il est aussi important de noter que des symptômes de mildiou ou d’oïdium peuvent se manifester. Des galles phylloxériques sont aussi observées fréquemment.

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